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Contenu bande son : "Au commencement est le corps."

 

“Au fond de toutes les expressions, il y a des dynamismes comme si au fond des gestes, il y avait encore des gestesextrait de la conférence - démonstration donnée par J. Lecoq à Wilhelmsbad en 1971 dans le cadre du festival européen du mime.et ces gestes s’exprimant peuvent le faire soit par des mots, soit par des couleurs, soit par une architecture, soit par le mime, soit par le théâtre ou le verbe. Il y a un fond gestique en puissance car si on gratte, si on gratte,on va trouver que du mouvement . On va trouver des tensions, des détentes, des explosions, des rapports d’espace, des matières et c’est sur ça que se construisent les expressions vivantes. Si on ne passe pas par ce fond commun-là, la forme qui sera issue est morte. Et c’est ainsi du reste que dans le langage actuel,   dans les mots,   les mots ne portent plus du tout leur sens. C’est pour cela, qu’on les jette. On ne sait plus quoi dire . Si on dit un mot, l’autre l’entend mal ou entend autre chose.  Alors, il faut quoi faire? Ben retourner, retourner à la source des mots, à ce silence du dessous qui permettra peut-être d’en trouver d’autres ou de rajeunir les mots utilisés."

Extrait de la vidéo  https://youtu.be/RrzNKu_VU2o  *Autour de Jacques Lecoq* consultée le 20.12.2020

Deux constats peuvent, toutefois,  se formuler. Tout d'abord, nous ressentons  dans notre corps ou notre chaire avant même la conception d'une pensée ou l’élaboration d'un discours. Le corps est alarme et détecteur du monde. En effet, les récepteurs sensoriels mis à notre disposition nous permettent d’être informé sur l’état de notre environnement. Stimulés de cette manière, nous traitons l’information reçue. De cette analyse, naissent émotions - signal qui dure quelques secondes- et sentiments - temps consacré à ce signal. 

Etymologiquement, le mot émotion provient de l’expression « ex movere » en latin. Ce qui signifie pour « ex » au dehors et pour le verbe « movere » s’émouvoir, remuer, bouger, agiter. L’émotion nous invite, par conséquent, au «motus» ou mouvement -en français- vers l’extérieur. Cette attitude est ce qui, potentiellement, nous anime, nous sociabilise  et nous renseigne sur la nature de nos besoins.  

 

J’en viens, donc, à ma deuxième observation: les représentations mentales issues du traitement des informations captées par notre corps sont, parfois, difficiles à traduire avec des paroles ou encore des écrits.  

 

Contenu bande son : "Mots censurés."

 

Extrait de la lettre du 6 juin 1924 d’Antonin Artaud à Jacques Rivière avec la voix de Bertrand Belin."Et voilà, Monsieur, tout le problème: avoir en soi la réalité inséparable, et la clarté matérielle d'un sentiment, l'avoir au point qu'il ne se peut pas qu'il ne s'exprime, avoir une richesse de mots, de tournures apprises et qui pourraient entrer en danse, servir au jeu; et qu'au moment où l'âme s'apprête à organiser sa richesse, ses découvertes, cette révélation, à cette inconsciente minute où la chose est sur le point d'émaner, une volonté supérieure et méchante attaque l'âme comme un vitriol, attaque la masse mot-et-image, attaque la masse du sentiment, et me laisse, moi, pantelant comme à la porte même de la vie."

 Extrait de la lettre du 6 juin 1924  d’Antonin Artaud, Œuvres complètes, Correspondance avec Jacques Rivière, Éditions Gallimard, 1976 et 1984 voix Bertrand Belin https://youtu.be/S2f12bWm48o consulté le 20/12/2020

Pourtant, comme le dit Hegel,  C'est dans les mots que nous pensons. Nous n'avons conscience de nos pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité, et par suite nous les marquons d'une forme externe, mais d'une forme qui contient aussi le caractère de l'activité interne la plus haute. C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont si intimement unis. Par conséquent, vouloir penser sans les mots, c'est une tentative insensée. [...]” .

 

Dans ces conditions, deux options s’offrent à nous, soit nous améliorons la réception des données ainsi que nos compétences d’analyse et la précision nouvelle engendrera une amélioration de notre expression, soit nous aiguisons nos capacités de communication. Je pense opportun, au vu du champ d’application professionnel de l’art thérapie, d’aborder cette matière sur les deux flancs. Pour ce faire, je propose, d’une part,  de développer l’acuité corporelle par le biais, notamment, de l’automassage, du body scan, d’exercices de sophrologie, de relaxation ou de méditation. J’ajouterais, également, la simple mise en activité du corps au moyen d’exercices ludiques et créatifs empruntés au monde du clown, de la danse, du théâtre, du mouvement scénique ou encore du mime. Je pense, véritablement, qu’augmenter sa fréquentation de la matière corps peut favoriser son apprivoisement. L’adage ne dit-il pas que “c’est en forgeant que l’on devient forgeron”?  

Déroulez le fil de mes pensées!
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